Archives de l’auteur

Titre: « Océanie Française. TAHITI.- Upa-Upa, danse tahitienne »

Auteur : Frank HOMES (Océanie, 1894-1901)

Éditeur: Frank HOMES (Océanie, 1894-1901)

Période : 1894-1901

Type : Carte postale

Description : Sur ce cliché de Frank Homes, un groupe de danseurs effectuant un ‘Upa ‘Upa, aux sons des tambours et accordéon, a été immortalisé. Ancienne version du Ori Tahiti, le ‘Upa ‘Upa a aujourd’hui disparu.

Identifiant : Z14-002-00291

Source : Fonds Gutzwiller, Collection Archives PF

Droits : Droits réservés

06 JUIL 2017  Z14 002 00291

Titre: « Océanie Française. TAHITI.- Upa-Upa, danse indigène, à Papeete »

Auteur : Frank HOMES (Océanie, 1894-1901)

Éditeur: Frank HOMES (Océanie, 1894-1901)

Période : 1894-1901

Type : Carte postale

Description : Après avoir été interdit en 1849, la danse indigène « Upa Upa » revêt un aspect très pudique. Vêtus de blanc, parés d’une couronne végétale pour certains, d’un chapeau pour d’autres, danseurs et danseuses prennent la pose.

Identifiant : Z14-002-00247

Source : Fonds Gutzwiller, Collection Archives PF

Droits : Droits réservés

05 JUIL 2017  Z14 002 00247

Titre: « Océanie Française. – Otêa, danse tahitienne (14 Juillet) »

Auteur : Frank HOMES (Océanie, 1894-1901)

Éditeur: Frank HOMES (Océanie, 1894-1901)

Période : 1894-1901

Type : Carte postale

Description : Jugés trop indécents, les costumes traditionnels, les « more », sont proscrits. Pour ce « Ote’a », les danseurs portent tous une tenue stricte : pantalon noir et chemise blanche.

Identifiant : Z14-002-00245

Source : Fonds Gutzwiller, Collection Archives PF

Droits : Droits réservés

04 JUIL 2017  Z14 002 00245

Ce dossier comprend trois documents manuscrits : une lettre adressée au Gouverneur (Joseph François), une lettre de Victor Raoulx et un brouillon de réponse du Gouverneur.

La demande de renseignements est écrite recto/verso sur une feuille à en-tête de format 21,2×27,4. Elle est écrite par A. Mazeline qui « occupe un poste » dans cette maison dont le directeur est son « parent ». Elle est datée du 18 décembre 1908 et arrive le 14 février 1909 par le navire Mariposa.

Les Nouvelles Galeries est le nom d’une chaîne de grands magasins créée en 1897 sous l’appellation “Société Française des Grands Bazars et Nouvelles Galeries Réunis”, présente dans les plus grandes villes de France. Le 20 avril 1899, l’enseigne est simplifiée en “Société Française des Nouvelles Galeries Réunies ».[1]

L’auteur de cette lettre effectue une démarche personnelle. Il a « déjà séjourné aux Colonies et serait très désireux d’y retourner pour [s’] y établir ». Il a en projet de fonder à Tahiti « un petit comptoir, où l’on pourrait vendre dans de bonnes conditions, certains articles d’une vente assez courante» .

Il est conscient des difficultés (il a lu une brochure de l’Office Colonial de Paris), en particulier le coût du fret qui l’incite à choisir la vente d’articles « de luxe ou d’un certain luxe ». Il estime que le caractère bon marché des produits importés de pays proches comme la Nouvelle-Zélande ou l’Australie, vendus par des « maisons étrangères installées à Papeete », pourrait être concurrencé par des droits d’entrée réduits sur les produits français.

Il éprouve un « serrement de cœur» en voyant « le peu de parti que nous tirons de nos possessions». « Pensez-vous, demande-t-il au Gouverneur, qu’une maison vendant nos articles, ait chances de réussite, ou tout au moins de faire quelques affaires ?»

Il a deux autres demandes de renseignements. La première porte sur la possibilité de s’installer pour « des parents à la campagne qui viendraient peut-être avec moi et pourraient s’occuper d’élevage ou de cultures coloniales ». La deuxième concerne un produit spécifique : les phonographes, qu’il connaît bien, ayant fait « un stage d’un an dans la maison Pathé ».

« Je ne me fais pas d’illusions sur la vie coloniale », écrit-il. Heureusement pour lui ! Car la réponse va sans doute mettre un terme à son enthousiasme.

Le Gouverneur transmet cette lettre au Président de la Chambre de Commerce Victor Raoulx.

Celui-ci répond le 23 février 1909 sur un papier à en-tête de sa propre société. C’est sans doute l’homme tout indiqué pour répondre à la demande de renseignements. Il est propriétaire, à Atimaono (Papara) de plantations de canne. Une usine y produit du sucre et du rhum. Il est aussi importateur, représentant de la société bordelaise Tandonnet Frères (qui fusionnera en 1911 avec la société Ballande de Nouméa). Il s’attache à ne vendre « presque exclusivement que des produits métropolitains », écrit O’Reilly[2]. Mais son cheval de bataille, c’est la dénonciation de l’envahissement du commerce local par les Chinois

Il n’est donc pas étonnant que l’essentiel de son argumentation pour décourager les velléités de M. Mazeline concerne l’omniprésence des Chinois dans le commerce des É.F.O. Mais on comprend vite qu’en fait, c’est avant tout au Gouverneur nouvellement arrivé dans le territoire qu’il s’adresse : « Les Chinois ont complètement accaparé le commerce de détail et une grande partie du commerce de gros et avant longtemps, si des mesures urgentes et énergiques ne sont prises à leur égard, les autres maisons de commerce auront à leur céder la place ». Il regrette que les patentes délivrées aux Chinois n’aient pas été sévèrement limitées. Les « Asiatiques » auraient été mieux employés dans l’agriculture « dans laquelle ils excellent ». Conclusion : « l’entreprise projetée par M. Mazeline [a peu de] chances de succès ». Quant aux phonographes, ils « se sont bien vendus dans la Colonie » et le marché est saturé.

On peut penser que Victor Raoulx ne souhaite nullement voir un éventuel concurrent s’installer à Tahiti.

Le Gouverneur répond le 26 mars 1909. Il se contente de reprendre l’argumentation du Président de la Chambre de Commerce : « un petit comptoir pour le placement d’articles français ne me semble pas avoir aucune chance de succès », et cela à cause « de l’accaparement, par les commerçants asiatiques, de la majeure partie du commerce de détail et d’une grande partie de celui du gros dans les Possessions françaises de l’Océanie ».

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[1]     Source : Wikipédia.

[2]     O’Reilly, <iTahitiens, Paris, 1975.

Titre: « Océanie Française. Otêa, danse canaque (14 Juillet) »

Auteur : Frank HOMES (Océanie, 1894-1901)

Éditeur: Frank HOMES (Océanie, 1894-1901)

Période : 1894-1901

Type : Carte postale

Description : Sur la Place du Gouvernement les grandes réjouissances populaires ont lieu. Les districts présentent tour à tour leur « Ote’a », leur danse « canaque ». Sur ce cliché, les danseurs sont distinctement alignés sur 2 rangées. D’un côté les hommes, vêtus d’un pantalon noir et d’une chemise blanche, bâtons à la main, et de l’autre les femmes, dans leur belle robe blanche. A l’époque, on écrivait « canaque », sans aucune intention péjorative, pour désigner les indigènes.

Identifiant : Z14-002-00244

Source : Fonds Gutzwiller, Collection Archives PF

Droits : Droits réservés

Notes: Il semblerait que ce cliché ait été pris par Charles Georges Spitz le 14 juillet 1888 à Arue. (“Fête de la Repubirita farani, 14 juillet 1888” (Charles Georges Spitz: photographies de Tahiti, 1880-1890 […], Jean-Yves Tréhin). Homes ayant acquis le fonds de Spitz, en 1904, effectua des reproductions des clichés de Spitz sous sa signature.

03 JUIL 2017  Z14 002 00244

Titre: « Océanie Française. Ancienne Danse de Tahiti »

Auteur : D’après une gravure de John Webber (1752-1793), 1785

Éditeur: Frank HOMES (Océanie, 1894-1901)

Type : Carte postale

Description : Deux femmes et deux hommes portant des costumes de cérémonie exécutent une danse en plein air. En arrière plan : des musiciens jouant du tambour et un fare potee. Cette gravure de John Webber (1752-1793) a été publiée pour la première fois en 1785 par G. Nichol et Thomas Cadell de Londres dans le grand atlas « Voyage to the Pacific Ocean » de COOK, James, Captain. 1728-1779.

Identifiant : Z14-002-00222

Source : Fonds Gutzwiller, Collection Archives PF

Droits : Droits réservés

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Titre: « Océanie Française. Danse de nuit exécutée par les Femmes de Haapape (Ancien Tahiti) »

Auteur : D’après une gravure de John Webber (1752-1793), 1785

Éditeur: Frank HOMES (Océanie, 1894-1901)

Type : Carte postale

Description : Danse de nuit exécutée en l’honneur de l’arrivée de Cook (d’après une gravure de 1780). Cette gravure de John Webber (1752-1793) a été publiée pour la première fois en 1785 par G. Nichol et Thomas Cadell de Londres dans le grand atlas « Voyage to the Pacific Ocean » de COOK, James, Captain. 1728-1779.

Identifiant : Z14-002-00221

Source : Fonds Gutzwiller, Collection Archives PF

Droits : Droits réservés

 
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Ha’amana’ora’a, Souvenirs…

Pendant tout le mois de juillet, et à l’occasion du Heiva i Tahiti, le Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel, Te Piha Faufa’a Tupuna, vous fera voyager dans le temps à travers une sélection de cartes postales issues de ses collections archivistiques.

Histoire:

1881- L’avant Tiurai – les manifestations avant 1881.

À la suite de la christianisation des archipels par la Société missionnaire de Londres au début du XIXe siècle, deux interdits contre les « chansons, jeux ou divertissements lascifs » furent édictés par le roi “Pomaré” II en 1819 et la reine “Pomaré” en 1842.

Quelques grandes dates :

  • 1819 : Pomare II se converti au christianisme. Fort du prêche des missionnaires, il interdit alors toutes les danses, chants et autres Heiva (divertissements) pour cause d’indécence et de débauches, tous ces interdits ayant été dictés à Pomare par les missionnaires de la London Missionary Society.  Code Pomare 1820.
  • 1842 : La reine Pomare fait édicter un interdit contre les chansons, la danse, les jeux ou divertissements lascifs.
  • 1847 : Le gouvernement français, tolérant les démonstrations et manifestations culturelles, par la loi de 1847, n’autorise la pratique de la danse que dans certains lieux le mardi et jeudi uniquement.
  • 1849 : La danse upa upa est totalement interdite.

1881- Le retour des festivités traditionnelles, le « Tiurai »

Le nom Tiurai signifie « Juillet » en tahitien. Il vient du mot anglais « july » et comprend la période de fêtes folkloriques et sportives dérivées des manifestations commémoratives du fameux 14 juillet et les prolongeant de la fin juin jusqu’au début du mois d’août.

Revêtant un aspect très militaire pour les colons, pour les locaux, le Tiurai n’est autre qu’un rassemblement aux airs festifs réunissant jeux, divertissements et des chants. D’ailleurs, c’est en 1881 que le premier concours de himene a lieu. Cependant, aucune danse n’est autorisée, les mouvements ayant été jugés trop indécents.

Quelques grandes dates :
  • 14 juillet 1881 : premières célébrations du 14 juillet en Polynésie. Le Tiurai (de l’Anglais july qui veut dire juillet) permet alors d’associer les Polynésiens aux réjouissances. Cependant, la manifestation ne comprend uniquement des défilés militaires, retraites aux flambeaux et autres démonstrations officielles, dans lesquelles le himene – le chant traditionnel – a une place privilégiée qui encourage une expression vivace et intense.
  • 1881 : c’est aussi l’année du premier concours de chant qui réunira pas moins de 30 groupes.
  • 1956 : Madeleine Moua et sa troupe Heiva révolutionnent l’image du Tiurai en posant les bases du Ori Tahiti (danse tahitienne).
  • 1961 : Création de l’aéroport. La mondialisation et le développement du tourisme vont permettre aux troupes de danser plus régulièrement, voire même de se produire sur des scènes internationales.

1985 : le Tiurai devient Heiva

En 1985, le Tiurai perd son nom d’origine pour souligner l’accession du territoire à l’autonomie : il est rebaptisé Heiva i Tahiti.

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LE MESSAGER DE TAHITI (parfois sans LE), sous-titré en tahitien : TE VEA NO TAHITI, est un journal dont la parution alla de 1884 à 1899. (Ce journal n’a rien à voir avec le Messager de Tahiti, qui parut de 1852 à 1883, et ne garda ensuite que son sous-titre : Journal Officiel des É.F.O.)

Sa durée d’existence a comporté deux périodes.

1) Du 5 mai 1884 au 27 décembre 1888, c’était un hebdomadaire paraissant le mercredi. Conservant le sous-titre tahitien Te Vea No Tahiti, il se présentait comme l’Organe des Intérêts Français dans l’Océanie, avec la précision : Journal politique, commercial, industriel et d’annonces légales.

Sa devise latine Ubi Jus, Ibi Vis peut se traduire par Là où est le Droit, est la Force !

Il avait trois membres fondateurs.

Victor Raoulx (1842-1914) était arrivé à Tahiti en 1863. C’était un marin, capitaine de goélette, qui déploya peu à peu une intense activité commerciale. Copropriétaire de la Terre Eugénie à Atimaono, il développa une importante production de sucre et de rhum. Actif également politiquement, il fut cofondateur du Messager de Tahiti.

François Cardella (1838-1917) était arrivé à Tahiti en 1866. Médecin de la marine, il s’installa comme pharmacien civil. Il devint un homme politique influent. Il fut le premier maire de Papeete, cofondateur du Messager de Tahiti.

Paul-Georges Martiny (1843-1887) était arrivé à Tahiti en 1864. C’était un officier de la Marine. Jusqu’en 1869, il remplit de hautes fonctions administratives. Puis, après un séjour en France, il revint en 1871 comme négociant, ne s’occupant que d’industrie et de commerce. Il se lança également en politique et il fut cofondateur du Messager de Tahiti. Il en était le rédacteur en chef. Malade, il quitta Tahiti en mars 1887 pour aller se soigner en France, mais il mourut à Sydney en juin. Le journal n’allait guère survivre, écrit O’Reilly, au départ de son animateur .

2) En janvier 1889, les administrateurs du Messager de Tahiti permirent la reprise du titre par Léonce Brault. Arrivé à Tahiti en 1881, Léonce Brault (1858-1933) était imprimeur. Il se lança en politique, son journal lui servant de tribune. Après 1899, il mena une carrière d’avocat (on disait alors défenseur).

Le sous-titre en tahitien fut conservé. La devise latine changea : Fluctuat Pro Tahiti Semper !, ce qui peut vouloir dire : Agissons toujours pour Tahiti ! La première devise réapparut en 1897. C’était devenu le Moniteur Hebdomadaire des Intérêts Coloniaux, et il paraissait le samedi. La formule devint ensuite Moniteur Indépendant des Intérêts Coloniaux Français, et Paraissant ordinairement 4 fois par mois. Le siège du journal était Rue du Marché puis, à la fin des années 90, Rue de Rivoli. Avec ce changement d’adresse, le nom du directeur – Léonce Brault – fut remplacé par un pseudonyme : “Jean de Pare”. Précisons qu’en février 1888, Léonce Brault avait lancé un journal mensuel et gratuit : Les Petites Affiches de Tahiti. À la fin de cette année-là, il annonçait que, suite à la disparition programmée du Messager de Tahiti, son journal deviendrait hebdomadaire en janvier 1889. Ce projet fut remplacé par la reprise de ce dernier titre.

Les collections du S.P.A.A. et de la S.E.O. sont très incomplètes et en mauvais état.

– du n° 1 (lundi 5 mai 1884) au n° 5

– du n° 7 au n° 10

– du n°12 au n° 73

– du n° 75 au n° 104

– n° 106 et n° 107

– deux numéros 109 des 18 et 25 mai 1886

– du n° 110 (numéroté 100) au n°119

– du n° 121 (incomplet) au n° 157

– du n° 159 au n° 161

– deux numéros 163 des 22 et 29 juin 1887

– du n°164 au n° 182

– du n° 184 au n° 191

– n° 190 (incomplet) et n° 191

– du n° 193 au n° 208 (10 mai 1888)

– n° 278 (5 octobre 1889), 280, 281, 292, 296, 298

– du n° 302 au n° 306

– n° 308, 313, 316, 317

– du n° 323 au n° 325

– n° 343, 344, 346, 347, 349, 350, 353, 354, 359, 378, 380, 383, 384, 388, 390, 391, 393, 396

– du n° 398 au n° 417

– du n° 419 au n° 474 (21 décembre 1893)

– n° 477, 481, 482, 483, 487, 489, 490, 492, 493, 495, 496, 499, 500 (17 novembre 1894), 501, 506, 508, 509

– n° 523, 544, 546, 547

– du n° 570 (31 mars 1898) au n° 572

– n° 574, 575, 584, 587, 591 (5 juin 1899, avec la mention : 16è année)

Curieusement, on trouve un n° 604 daté 10-25 août 1895, n° 605 du 4 septembre 1895, n° 607 du 10 octobre 1895, n° 608 du 19 octobre 1895 et n° 700 du 23 novembre 1895.

Si l’on se base sur 52 numéros par an, le n° 608 (à quelques numéros près) se trouverait bien à la fin de l’année 1895. C’est un point qui reste à éclaircir…

Les jours de parution furent le lundi, puis le mardi à partir de janvier 1886, enfin le mercredi à partir d’avril 1887.

Le format des pages a varié au fil du temps. Dans le n° 36 du 5 janvier 1885, il est précisé : “Le format du Messager de Tahiti sera considérablement agrandi dans le cours de l’année 1885”.)

– 24 x 31 pour les premiers numéros

– 25,5 x 42

– 32 x 51,8 les dernières années.

Dans le journal L’Océanie française, n° 71 du 6 mai 1884 (lendemain de la parution du 1er numéro du Messager), animé par Auguste Goupil, on peut lire : “Le Messager de Tahiti – Sous ce titre, MM. Raoulx, Martiny et Cardella viennent de fonder une feuille hebdomadaire dont le but est identique à celui que nous poursuivons. C’est donc avec le plus grand plaisir que nous constatons la naissance de ce nouveau défenseur des intérêts de notre belle, mais malheureuse colonie. Nous avons la conviction que, si nous venons à différer quelquefois d’opinion sur les moyens à préconiser pour favoriser l’éclosion de la prospérité générale, cette divergence d’opinions elle-même aura son utilité, puisqu’elle permettra au Gouvernement de se rendre un compte à peu près exact des aspirations de tous et de faire un choix dans les arguments avancés par les organes de l’opinion à Tahiti. Le public, de son côté, ne peut qu’être reconnaissant envers les hommes qui ne craignent pas de sacrifier leur temps et leur argent pour le bien général.”

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Messager N°178 1887 P1
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Messager N°195 1888 P1
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Ce rapport manuscrit comporte cinq pages écrites recto/verso, de format 00×00. L’en-tête de la première page est personnalisé au nom du Chef du service judiciaire Lucien Bommier. Il s’adresse au Gouverneur Papinaud pour lui faire part « des faits saillants qui se sont produits dans mon administration pendant le mois de septembre écoulé ». Son rapport comprend trois volets : une affaire jugée au Tribunal de simple police, un rapport sur la prison de Papeete, et quelques lignes sur son mauvais état de santé. C’est le premier point que cette notice étudie.

L’affaire est révélatrice d’une certaine ambiance qui régne alors dans Papeete, cette petite commune d’environ 4 000 habitants, dans laquelle résident en permanence environ 300 colons français non-polynésiens[1] (et autant de colons “occidentaux“ autres que français). Elle a lieu le lundi 2 septembre 1895, vers midi. Monsieur Riffaud, pharmacien de 2ème classe de la Marine, sort du restaurant Renvoyé, rue de la Petite Pologne (aujourd’hui rue Gauguin) en compagnie de Messieurs Mleneck, lieutenant d’artillerie, et Agostini, Chef du service des Travaux publics. À côté du restaurant se trouve la pharmacie de Monsieur Claret. Celui-ci est « sur le seuil de sa porte, à califourchon sur une chaise ». Sur sa vitrine, il a placardé deux affiches. « Une affiche porte ces mots : “Sirop haamaitai toto“ et au dessous « Avis aux fumistes“. L’autre, le mot “Antiseptique“ et plus bas “Avis aux imbéciles“.» Riffaud s’arrête et fait « à haute voix des réflexions » qui « sans être blessantes pour Monsieur Claret, n’étaient pas de nature à le laisser indifférent ».

Ils en viennent aux mains, « roulèrent plusieurs fois sur le sol » et sont séparés par l’un des témoins de la scène.

Cette bagarre est « le résultat d’une animosité assez vive qui existe depuis déjà quelques mois entre Monsieur Claret et le corps de santé de la Colonie ». Pour Riffaud, « les épithètes de fumistes et d’imbéciles étaient à son avis dirigées contre lui et contre son Chef, Monsieur le Docteur Parnet ».

Claret a porté plainte. « À l’audience ces messieurs ont reconnu leurs torts réciproques et se sont vus condamnés chacun à dix francs d’amende par application de la loi du 3 Brumaire an IV»[2]. »

Ce lamentable incident fait malgré tout sourire. Deux pharmaciens, que l’on peut ranger dans ce qu’il est convenu d’appeler « la haute société » se battent dans la rue comme des chiffonniers. L’un est fonctionnaire, dans le “public“, l’autre est “libéral“, dans le “privé“. Et l’on retrouve l’animosité des colons installés dans la Colonie qui se plaignent à longueur de temps de la charge financière démesurée que représentent les salaires et les voyages de ces nantis de passage dans les É.F.O. Il y a sans doute aussi une insinuation d’incompétence envers le service de santé (ce qui serait injuste, ce service étant de ceux dont l’action positive a souvent été mise en évidence).

Dans un si petit espace, les jalousies, les rivalités s’exacerbent. Il y a là un peu de Clochemerle…

Proc À Gouv 1
Proc À Gouv 2
Proc À Gouv 3
Proc À Gouv 4
Proc À Gouv 5

[1]     Toullelan, Tahiti colonial, p. 275. Les chiffres réels sont très difficiles à établir avec certitude.

[2]     Articles 605 et 606 : « Sont punis des peines de simple police les auteurs de rixe, de voies de fait et violences légères. […]. Les peines ne peuvent être […] « au-dessous d’une amende de la valeur d’une journée de travail ou d’un jour d’emprisonnement, ni s’élever au-dessus de la valeur de trois journées de travail ou de trois jours d’emprisonnement ».