Remise de la légion d’honneur au chef Itoti à Taïti

Ces deux documents sont insérés dans le recueil, pour l’année 1845, de la correspondance que le Ministre de la Marine et des Colonies, le baron de Mackau, adresse au nom du Roi Louis-Philippe au Gouverneur Armand Bruat à Tahiti.

Ils sont datés du 15 février 1845.

Dans le premier, le Ministre annonce que le Roi, ayant eu sous les yeux « les demandes que vous m’avez adressées en faveur des officiers et autres qui se sont distingués dans les combats qui ont été livrés à Taïti du 20 mars au 30 juin 1844 […] a bien voulu faire les nominations et promotions suivantes dans l’ordre Royal de la Légion d’honneur […] ». Suit une liste de onze militaires. « Je vous annonce en outre que […] le Roi a bien voulu nommer aussi chevalier de l’ordre Royal de la Légion d’honneur, le Chef Itoti, que vous m’avez désigné comme s’étant parfaitement  conduit dans le combat de Hapapé

Le second document est le duplicata du diplôme remis à Hitoti.

Hitoti (1770-1846) est chef à Teaharoa et Tiarei quand les Français établissent le protectorat.

C’est un personnage qui s’est déjà fait remarquer dans l’histoire tahitienne. Vers 1810, il s’est opposé, avec d’autres, à la volonté d’hégémonie de Pomare II. Entre 1811 et 1813, on le voit « élève » des missionnaires de la L.M.S. à Moorea.

À partir de 1829, avec d’autres chefs, il s’oppose à la jeune Reine Pomare IV qui montre trop de sympathie envers le mouvement Mamaia. En 1833, avec Tati et Paofai, il participe, à Taiarapu, à des combats qui voient la défaite des « rebelles » de la Mamaia.

En 1836, il se montre favorable aux missionnaires catholiques français (que la Reine, sur les conseils de Pritchard, fait expulser). Il s’entend avec Moerenhout, qui est devenu consul de France en 1838, et qui en fait un fervent partisan de la France.

En septembre 1842, avec Paraita, Utami et Tati, il appose sa signature sous celle de la Reine sur la sollicitation du protectorat adressée au Roi des Français.

Il est l’un des Grands Juges, Président de la Haute Cour indigène.

En mars 1844, il accompagne le Gouverneur Bruat, à bord du Phaéton, jusqu’à Taravao où des rebelles à la présence française (soutenus par la Reine et des résidents anglais) attaquent les installations militaires.

Les 29 et 30 juin, il participe aux combats de Haapape (Mahina).

Dans son rapport rédigé le 8 juillet et envoyé au Ministre, Bruat écrit à son propos :

« Je résolus de marcher sur Hapapé (pointe Vénus) […] Je rejoignis la colonne à Papana, où je retrouvai, ainsi que je l’avais ordonné, le chef de la police européenne et indigène, avec une vingtaine de naturels qui s’étaient joints d’eux-mêmes à nous, sous le commandement du chef Itoti, dont je signale le dévouement éprouvé à votre Excellence. […] Le chef Itoti s’étant parfaitement conduit, j’ai l’honneur de vous demander la croix pour lui : cette distinction méritée ne peut que produire un bon effet

On peut lire, dans un numéro de L’Illustration de 1848 (cité par O’Reilly dans Tahitiens) : « a vaillamment combattu dans nos rangs et est mort au service de la France le jour même où il recevait la décoration de la Légion d’honneur. […] Ses derniers instants ont été comblés par la pensée que l’œuvre qu’il avait contribué à fonder sortait enfin victorieuse des entraves qu’elle avait si longtemps éprouvées .» (Il faudra cependant encore toute l’année 1846 pour que les combats prennent fin définitivement.)

Hitoti est décoré « pour ses services » en général, mais le Ministre a ajouté en P.S. : « Cette faveur est aussi la récompense de votre belle conduite au combat de Hapapé

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