Lettre de la reine Pomare IV Du 7 mai 1845

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Dans le fonds Patrick Rey déposé au SPAA en 2013, on trouve un certain nombre de feuilles manuscrites dont le format d’origine devait être 20,5×33 cm. Ces feuilles jaunies présentent une trace d’humidité sur toute leur hauteur, à droite par rapport au recto. Elles semblent faire partie d’un cahier. Elles sont en plus ou moins mauvais état Deux pages dans cet ensemble, de la même écriture, retiennent l’attention par le fait qu’elles sont datées d’Uturoa le 7 mai 1845, et que l’une d’elles est signée « Pomare ». Avant d’en voir le contenu, il faut rappeler les évènements qui préludent à leur rédaction.

Le 7 novembre 1843, la Reine ayant refusé d’amener son pavillon pour le remplacer par celui du protectorat, Du Petit-Thouars prononce l’annexion du royaume à la France. À Tahiti, la présence militaire française s’étend sur toute l’île. Au début de 1844, Pomare demande une intervention anglaise puis, sur les conseils de Pritchard, se réfugie fin janvier sur le navire anglais ‘Basilisk’. Le 21 mars, le fort de Taravao est attaqué. C’est le début des hostilités, marquées par les batailles de Mahaena, Haapape et Faaa. Une trêve s’instaure à Tahiti (qui durera jusqu’en mars 1846). En juillet, le gouverneur Bruat est informé que le gouvernement français s’en tient aux accords de protectorat et refuse d’entériner l’annexion. La Reine en est avertie, mais refuse de revenir à Tahiti et, à bord du navire anglais ‘Carysforth’, elle s’exile à Raiatea ce même mois. Deux tentatives de Bruat pour la faire revenir restent vaines. En mars 1845, Alexandre Salmon et sa femme Ariitaimai partent pour Raiatea, dans le but de ramener la Reine à Tahiti, alors que l’amiral anglais Seymour (qui n’a pas de mandat de son gouvernement) se déclare publiquement en faveur de l’indépendance des îles Sous-le-Vent.

La Reine déclare alors : « J’attends l’aide de l’Angleterre qui ne m’a pas encore dit qu’elle ne m’aiderait pas. C’est pourquoi je n’irai pas. Mon peuple est sous les armes et il l’attend comme moi. Ne m’en veuillez pas ».

À partir d’avril 1845, la situation se complique du fait de la question du statut des îles Sous-le-Vent. La Reine, qui vit dans l’illusion que l’Angleterre va venir à son secours, est avertie de ce qui se passe à Tahiti. Elle envoie des messages au peuple et aux chefs.

Les deux textes dont il est ici question présentent de grandes similitudes. La Reine s’adresse à ses fidèles à Moorea. D’une part, elle leur demande de se conformer aux directives du pasteur. D’autre part, elle remercie ceux qui se sont engagés dans la lutte armée. Elle les exhorte à lui rester fidèles. Voici les traductions proposées pour ces deux textes.

Premier texte signé :

  • Uturoa, 7 … 1845
  • Population et chefs de Moorea, je vous salue.
  • Voici ce que je voudrais vous dire : vous resterez près du Pasteur. N’ayez pas d’autres paroles, suivez-moi. Ne suivez pas quelqu’un d’autre. Si vous le faites, je ne vous reconnaîtrais plus.
  • Voici ma volonté, écoutez bien … pour vous encourager à travailler, pour vous encourager à faire face au malheur.
  • Je remercie la population et les chefs de district qui se sont engagés dans l’armée. Le fait qu’ils m’aient suivie vous a également motivés à le faire. Je vous remercie également en adressant une prière à Dieu lui demandant de nous aider.
  • Pomare

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  • Deuxième texte non signé :

  • Uturoa, 7 mai 1845
  • Peuple et chefs de Moorea,
  • Bonjour à vous. Je vous exhorte à une cohabitation totale avec le pasteur ; gardez-vous de toute contradiction.
  • Ne soyez fidèle à personne d’autre que moi ; dans le cas contraire je vous ignorerai. Telle est ma volonté.
  • Écoutez attentivement Timiterai (Timitoni ?) vous encourager. Allons, courage et patience face à l’épreuve.
  • Je suis ravie du peuple et des chefs qui ont rejoint les troupes armées.
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