Voyage fait autour du Monde En 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 Par JOHN TURNBULL […] suivi d’un extrait du Voyage de James Grant […] à Paris, 1807

Ce livre est la traduction française de la première édition anglaise de 1805.

John Turnbull était un navigateur et marchand britannique qui participa, au début du XIXè siècle, à l’établissement du commerce dans le Pacifique entre l’Australie et la Polynésie ainsi qu’Hawai’i.

Le marchand John Turnbull et John Buyers, second officier de marine qui commerça en Chine, décidèrent d’acquérir un navire, la Margaret nouvellement mis à l’eau, leur permettant d’établir de nouvelles voies de commerce dans l’Océan Pacifique à partir de l’Australie. Ils fondèrent pour cela la compagnie Turnbull and Co. Buyers en était le capitaine, Turnbull le subrécargue. Le 1er juillet 1800, « nous quittâmes l’Angleterre pour aller tenter fortune dans des régions peu fréquentées par les Européens ».

(On notera que, dans ce récit, la chronologie est parfois très floue).

Leur route passait d’abord par Madère, San Salvador de Bahia, le Cap de Bonne Espérance qu’ils atteignirent le 7 novembre. Ils s’arrêtèrent un mois au Cap, puis gagnèrent Port Jackson (Australie) le 7 janvier 1801. « Nous ne nous attendions pas à y rencontrer cinq autres vaisseaux, et nous en fûmes très fâchés, appréhendant de ne pouvoir nous défaire de notre cargaison. Nos craintes ne se trouvèrent que trop bien fondées, car nous apprîmes que la colonie était presque dépourvue d’argent. […] Il fut convenu entre le capitaine et moi, que je resterais au Port-Jackson, pour tirer le meilleur parti possible de la cargaison, tandis qu’il se rendrait avec le vaisseau à la côte nord-ouest de l’Amérique ». Turnbull alla aussi tenter sa chance dans l’île de Norfolk où il resta dix mois. Entre temps, son capitaine était revenu du nord-ouest et avait engagé une équipe qu’il laissa sur King Island (au nord de la Tasmanie) pour y rassembler des peaux ; il souhaitait se rendre aux îles de la Société pour y renouveler ses provisions. Il récupéra Turnbull et firent voile vers l’est.

Après s’être arrêtés à Mehetia, ils atteignirent Tahiti le 23 septembre 1802 et jetèrent l’ancre dans la baie de Matavai. Ils y trouvèrent un autre navire, le Porpoise, venu de Port Jackson pour prendre un chargement de porcs. Sur la plage gisaient les débris du Norfolk, brisé par une tempête en début d’année. « Le capitaine du Porpoise nous informa que la guerre désolait Otaïti depuis longtemps à l’occasion de la tyrannie qu’exerçait la famille de Pomarre .» (La lutte pour la possession du dieu Oro battait son plein, mais la Margaret arrivait au moment d’une trève.)

Effectivement, Turnbull, qui était avant tout commerçant, eut à se plaindre de cet état de fait. Mais cela ne l’empêcha pas d’observer et de mettre par écrit ce qu’il vit de la société tahitienne. Il décrivit plus particulièrement les Pomare : Pomarre (Pomare 1er) dont il avait bien compris qu’il n’était que le régent, le vrai roi étant son fils Otoo (Tu – Pomare II). Ce dernier nous était présenté comme étant curieux de tout, et surtout demandeur de liqueurs fortes. « Tous les membres de la famille royale aimaient l’eau-de-vie avec passion ; et tous, excepté Pomarre, étaient furieux dans l’ivresse. » Turnbull fit aussi le portrait de Tetua, femme de Pomare II ; de Edeah (Itia), mère de Pomare II, qui vivait avec « son favori, un chef de l’île d’Huaheine, dont la figure et les manières annonçaient la férocité». De nombreuses anecdotes nous fournissent des renseignements précieux sur cette année 1802, tant sur le conflit en cours que sur les missionnaires (dont il fait l’éloge) et les Tahitiens. Les affaires se font tant bien que mal : « Le capitaine était à terre pour veiller à l’approvisionnement et aux salaisons, et j’avais le commandement du vaisseau. […] Nous avions déjà passé un mois à Otaïti, occupés à rassembler des cochons, mais sans avoir pu encore nous en procurer un nombre suffisant.» Ils décidèrent alors de se rendre aux Îles Sous-le-Vent. Ils furent très bien reçus à Huahine, et assistèrent à un spectacle de danse. À Ulitea (Raiatea) cependant, ils durent faire face à une tentative des insulaires, aidés de quelques marins déserteurs, de s’emparer du bateau. Ce fut avec difficulté qu’ils purent s’échapper. Ils firent halte à Mobidie (Maupiti), où ils purent se ravitailler et où “les cochons y coûtent beaucoup moins cher».

Ils se rendirent ensuite aux îles Sandwich, d’où ils repartirent le 21 janvier 1803.

Naviguant dans les Tuamotu du nord-ouest, ils eurent quelques frayeurs en tentant un contact avec des habitants qu’ils soupçonnèrent de cannibalisme. Ils firent escale à Matia (Makatea) avant de revenir à Tahiti. Ils furent accueillis par « leurs anciens amis, Pomarre, Edeah et Otoo, avec la plus grande cordialité» . Malheureusement pour eux, pendant leur absence, le vaisseau Nautilus « avait enlevé tous les cochons qu’il avait pu se procurer, ce qui nous contraria beaucoup. […] En conséquence, nous convînmes, le capitaine et moi, qu’il irait chercher des porcs dans quelques-unes des îles situées à l’est d’Otaïti, et que je resterais dans cette dernière île avec deux ou trois de nos gens, pour saler la provision déjà faite» .

Turnbull s’organisa pour trouver des porcs. Il enrôla des déserteurs, avec à leur tête Pierre le Suédois. Les animaux abondèrent. Après quelques problèmes avec des hommes qu’il avait engagés, il établit son magasin chez les missionnaires « dont la maison était une espèce de château-fort» .

Il ne manquait pas de maintenir de bonnes relations avec la famille royale. « Otoo m’invitait souvent à aller le voir. Je le trouvais toujours oisif, ainsi que la reine son épouse. Il me faisait signe de m’asseoir sur l’herbe, puis il s’y couchait à côté de moi, et entrait en conversation familière. La reine n’avait pas moins de condescendance que son royal époux. Elle ne manquait jamais, dans ces occasions-là, de fouiller dans mes poches pour s’approprier tout ce qu’elle y trouvait. La reine de Tiaraboo, sa sœur, en faisait autant : aussi avais-je soin de ne mettre dans mes poches que des objets de peu de valeur, que les deux reines avaient le plaisir de me voler.»

Après un temps anormalement long (deux mois au lieu de trois semaines), la nouvelle du naufrage de la Margaret arriva. Dix-huit rescapés purent rejoindre Tahiti sur un radeau.

Turnbull se rendit à Eimeo (Moorea), où il resta neuf jours. Au début du mois d’août 1803, une grande expédition se mit en route contre le peuple d’Attahoura, avec le roi Otoo, et son frère Terinavouroa, roi de Tiarabo, Pomarre, Edeah, Paitia, frère de Pomarre et Awow, leur sœur, à la tête de tous leurs guerriers, auxquels s’étaient joints dix Européens

Le moral est au plus bas : « Après la perte de notre vaisseau, notre perspective à Otaïti devenait fort triste» . Au bout de trois mois, un navire vint mouiller en baie de Matavai. Le capitaine accepta de les prendre à bord, avec pour destination Port-Jackson. La veille de leur départ, Turnbull assista à la mort de Pomare (3 septembre 1803).

Ils revinrent en Australie en passant par les Îles des Amis (Tonga) et l’île Norfolk. Ils attendirent encore longtemps avant de s’embarquer sur le Calcutta pour rejoindre l’Angleterre qu’ils revirent après quatre ans et trente et un jours.

O’Reilly écrit (dans Tahitiens) : « Écrit avec expérience et objectivité, cet ouvrage, trop peu connu, trop peu utilisé, est d’une importance capitale pour l’étude du comportement des indigènes et de leur attitude vis-à-vis des étrangers, vingt ans environ après leur premier contact avec les blancs, et la réalité – alors comme aujourd’hui – apparaît bien éloignée de certains rêves idéalistes…» “

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