Traitement et frais de représentation accordés à la Reine Pomare IV – Ordonnance du 13 février 1847

Les archives de Polynésie ont conservé en partie la correspondance que le Ministre de la Marine et des Colonies adreessait au Gouverneur. Cette correspondance est rassemblée par années dans plusieurs volumes, parfois en très mauvais état. On y trouve aussi des décisions du Gouverneur, comme c’est le cas pour la copie conforme de cette ordonnance datée du 13 février 1847.

La France a établit son protectorat sur le royaume de Pomare IV depuis le 9 septembre 1842, avec la signature de la Reine. Mais celle-ci revient sur ses engagements à partir de février 1843, date du retour à Tahiti du consul anglais Pritchard. Elle choisit de s’exiler à Raiatea, tandis qu’une guerre se déroule entre ses partisans et les partisans du protectorat français. Les combats prennent fin en décembre 1846.[1]

Le Gouverneur Bruat autorise Ariitaimai (sa sœur adoptive, petite-fille de Tati, épouse d’Alexandre Salmon) d’aller à Raiatea pour la convaincre de revenir. Elle arrive à Moorea le 4 février 1847. Bruat va à sa rencontre et fait la déclaration publique suivante : « Vous tous qui êtes ici réunis, je vous annonce avec satisfaction que la paix est désormais rétablie d’une manière solide, et que le pays va de nouveau rentrer dans la prospérité. La reine Pomare est arrivée : elle s’est tout-à-fait soumise au gouvernement du protectorat, tel qu’il est établi aujourd’hui. Je vous fais donc connaître qu’au nom du roi Louis-Philippe, je la rétablis dans ses droits et dans son autorité, qu’elle exercera dorénavant sur toutes les terres de ce royaume comme reine reconnue dans le gouvernement du protectorat » .[2] (Il faudra cependant attendre la Convention du 5 août 1847, conclue entre la France et la Reine des Îles de la Société, pour régler l’exercice du protectorat.) Le 9 février, la Reine et le Gouverneur débarquent à Papeete. Les honneurs sont rendus à la souveraine, et au mât de misaine du Phaéton flotte le drapeau du protectorat.

De février à fin mai 1847, Bruat (et son épouse) vont nouer de solides liens d’estime et d’amitié avec Pomare IV. Le Gouverneur a compris que la Reine, dès son retour, devait concrétement ressentir l’intérêt de sa nouvelle situation politique, et plus particulièrement par le biais de l’attribution d’importantes sommes d’argent lui permettant de mener un train de vie «royal», et, entre autres, de satisfaire aux “besoins“ (qui vont vite se révéler énormes) de sa grande famille et de son entourage.[3]

Les deux sommes allouées s’élèvent à un peu plus de 25 000 francs.

  • À cela va s’ajouter, à partir de 1848, une liste civile financée par un impôt pesant sur chacun de ses sujets et s’élevant à environ 7 000 francs. Il ne faut pas oublier les cadeaux dont elle est couverte dès qu’elle se rend dans un district, et ceux qu’elle reçoit quand on vient lui rendre visite. Enfin, ses terres lui assurent une rente annuelle de 40 à 50 000 francs.

    Il est difficile de donner une équivalence avec les francs-pacifiques d’aujourd’hui (2016), les modes de vie ayant beaucoup changé. (Le site De la valeur des choses dans le temps nous apprend qu’un franc de 1850 vaudrait en 2006 2,53 €, soit 302 F CFP. Ainsi 25 000 francs en 1847 seraient l’équivalent de 7 750 000 F CFP.)

    La Reine est riche, mais tout au long de son règne, elle se plaindra sans cesse de sa situation financière qui l’obligera à s’endetter.

    Gouverneur 1847 1 651 002

    [1]     Voir Archipol n°15, Papeete, 2014.

    [2]     Lechat, Institutions politiques et administratives, page 105, Papeete, 1990.

    [3]     Voir O’Reilly, Tahiti au temps de la reine Pomare, Société des Océanistes, Paris, 1975.

    Rétrolien depuis votre site.

    Laisser un commentaire

    Le temps imparti est dépassé. Merci de recharger le CAPTCHA.