Observations and Remarks made during a Voyage to the Islands of Teneriffe (…) in the Brig Mercury commanded by John Henry Cox, Esq. Par Lieut. George MORTIMER Dublin, 1791

Ce petit livre relié de 13,5 par 21,5 cm comporte Xiii + 120 pages. C’est la relation, en anglais, du voyage du brick (en anglais brig) Mercury. Parti de Gravesend (Angleterre, rive sud de la Tamise) le 26 février 1789, il rallia successivement Teneriffe, Tristan da Cunha, le Cap de Bonne Espérance, l’île Amsterdam, la Tasmanie, Tahiti (le 12 août), Hawai’i, les côtes de l’Alaska, Macao et enfin Canton le 1er janvier 1790. C’était un navire de 152 tonneaux, doublé en cuivre, armé de 16 canons, d’environ 30 mètres de longueur. Il avait deux mâts, et était gréé en voiles carrées avec une brigantine à l’arrière. Rapide et maniable, très répandu de la fin du XVIIè au milieu du XIXè siècle, le brick était le navire de prédilection des pirates et des corsaires. Il était utilisé également pour le commerce, l’exploration et la guerre.

Son commandant était John Henry Cox (1750-1791). C’était un habile commerçant, connaissant bien les côtes est et ouest de l’Océan Pacifique. Pensant pouvoir tirer profit de la guerre entre la Russie et la Suède, il proposa au roi de Suède Gustave III de s’attaquer aux intérêts russes sur les côtes orientales d’Asie et sur les côtes occidentales nord-américaines, plus particulièrement concernant le commerce des fourrures et des peaux. Il mit à la disposition du roi son bateau, rebaptisé secrètement Gustaf III, mais gardant aux yeux du monde son nom Mercury. Un contrat fut signé le 11 novembre 1788.

Il semble que Cox aurait eu l’intention d’utiliser ce contrat plus comme une “arme commerciale” vis à vis des concurrents plutôt que de causer des dommages aux Russes. D’ailleurs le récit de Mortimer ne fait aucune mention d’utilisation de l’artillerie du navire, sauf à blanc pour chasser les Tahitiens trop envahissants. (Signalons qu’un traité russo-suédois fut signé le 14 août 1790, empêchant de fait la conduite d’actions hostiles.)

George Mortimer était lieutenant de marine. Il est probable qu’il quitta Cox à l’arrivée à Canton. En effet, Cox profita de cette escale pour désarmer son bateau, l’équipant différemment pour reprendre une navigation purement commerciale.

Son récit ne comporte pas de chapitres. Il est divisé en paragraphes de longueur très variable. En marge, l’auteur a mentionné la chronologie du voyage, au jour le jour.

Ce qui nous intéresse plus particulièrement, ce sont les quarante-sept pages qu’il consacre à Tahiti et aux îles avoisinantes.

Le Mercury jeta donc l’ancre le 12 août 1789 dans la baie de Matavai.

L’auteur prévient d’emblée que le capitaine Cook et les gentlemen qui l’accompagnaient ont si bien décrit Tahiti, les us et coutumes de ses habitants, son climat, ses productions, qu’un nouveau compte rendu détaillé serait superflu. Il s’est donc contenté les événements vécus au cours de son séjour.

Il fut accueilli par le chef de Matavai Poneow. Il s’agit de Poino, dont la particularité était d’avoir conservé le portrait de Cook, au dos duquel le capitaine Bligh avait écrit quelques mots avant son départ le 4 avril 1789 (quatre mois avant l’arrivée du Mercury).

Tout le temps de leur escale, le navire fut envahi par une foule de curieux.

Mortimer aperçut, en se promenant, des espaces plantés de légumes provenant de graines fournies par différents visiteurs, mais complètement envahis de mauvaises herbes, « totalement négligés par les indigènes qui ne leur accordaient aucun intérêt » .

Il était très étonné de l’intérêt porté aux étrangers : « Nous ne descendîmes jamais à terre sans être suivis d’une foule de personnes des deux sexes et de tous âges, qui s’efforçaient de se tenir tout près de nous et nous toucher, certains nous caressant le dos et les côtés, d’autres admirant nos vêtements». Ils se disputaient pour les porter quand leur chemin était traversé par un ruisseau.

Itia, la femme de Tu (Pomare Ier), vint leur rendre visite le 16, suivie de Tu lui-même. Ce dernier manifesta son plaisir de les rencontrer, leur serrant la main et s’enquérant de leurs noms. Il fut étonné qu’un navire si petit (par rapport à ceux qu’il avait vus auparavant) ait pu venir d’aussi loin « sans balancier, comme ils en ont, accrochés à leurs pirogues » .

Le même jour, Mortimer se rendit, avec un officier du Mercury, à la demeure de Poino. Avant d’en repartir, on massa leurs membres (Taueumee = taurumi). Puis ils se rendirent à un heiva, qui avait été organisé pour les divertir. « Le spectacle comprenait des danses, des textes chantés, des saynètes, avec accompagnement de battements de tambours. Les acteurs étaient des deux sexes et s’acquittaient avec beaucoup d’habileté de leurs rôles respectifs. Les batteurs se montraient particulièrement doués, suivant le rythme avec précision et adaptant le son de leurs tambours aux mouvements des danseurs. Nous ne pouvions pas bien comprendre les thèmes de leurs comédies […]». Ce qui était certain, c’est que les scènes déclenchaient l’hilarité des spectateurs. Mortimer observa que lui et ses compagnons étaient parfois la risée des Tahitiens. « S’ils étaient témoins d’une de nos actions, à bord du navire, qui leur semblait ridicule ou absurde, ils ne manquaient pas de la parodier avec une grande exagération.» Ils assistèrent à plusieurs heiva, le dernier étant « plus particulièrement indécent et lascif» . Il raconte la mésaventure d’un des marins tombé amoureux d’une danseuse. Il projetait de l’emmener à bord, mais quand elle eut retiré son « attirail de scène » , il s’aperçut que c’était un « joli et fringant garçon ».

Ils purent constater que Tu était un grand buveur, qui ingurgitait « des rasades de vin à la santé du roi George avec autant de rapidité que nous en mettions à remplir son verre ». Il disait qu’il souhaitait être légèrement ivre, comme il l’était souvent à bord du navire du capitaine Bligh.

« Nous remarquâmes que ses sujets étaient peu respectueux envers sa personne. » Tu dormit presque toutes les nuits à bord. Il manifesta parfois un caractère puéril. Ainsi, il fit une crise de jalousie, pleurant en voyant qu’on avait offert à sa femme une paire de ciseaux avec une chaîne pour les suspendre. Il se calma quand il en reçut à son tour.

Mortimer avait de l’admiration pour Itia : « C’est une femme sensible et intelligente […] Elle se sert d’un couteau et d’une fourchette presque aussi bien qu’une Européenne ; et elle adore le thé. Sa Majesté est une excellente tireuse, et atteignit notre bouée dès son premier coup de feu, avec une seule balle, bien qu’elle fût à une grande distance du bateau ».

La présence de Tu (et de sa suite) sur le navire gênait l’équipage, mais on ne le chassa jamais, ce qui n’était pas le cas pour le reste de la population.

Mortimer consacre plusieurs pages à une expédition menée avec le cotre à Moorea. Ils assistèrent, entre autres, à un combat (ou plutôt une escarmouche) au cours duquel il semble que leur présence fit battre en retraite les ennemis de ceux qui les avaient accueillis.

Ils abandonnèrent le matelot Brown à Tahiti. Homme violent quand il avait bu, il allait être sous la protection de Tu.

Le 31, ils reçurent la visite de Potatow (Pohuetua), « l’ami du capitaine Cook ».

Puis ils firent voile vers Tetiaroa le 2 septembre.

Ils traversèrent l’équateur le 10 et atteignirent Hawai’i le 20.

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