L’Océanie Française – Journal de Tahiti

icone_encre_couleurs-en-coursL’Océanie française est le premier journal en français paru à Tahiti. C’est un hebdomadaire de format 31×48 cm, paraissant le dimanche, du 5 mai 1844 (n°1) au 28 juin 1845 (n°60). Cette période correspond aux débuts de la guerre coloniale déclenchée par le fait que la Reine Pomare, refusant le protectorat, se retire à bord des navires anglais, puis s’exile aux îles Sous-le-Vent. (Elle reviendra à Tahiti en février 1847, ayant accepté le protectorat après la fin du conflit.)

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Son fondateur est Edmond de Ginoux (1811-1870), arrivé à Papeete le 4 novembre 1843. Il est venu de France à bord de la frégate L’Uranie, à ses frais, avec le Gouverneur Armand-Joseph Bruat qui vient prendre ses fonctions aux Marquises après 4 mois et 13 jours de voyage, et qui, un mois et demi plus tard, décide d’aller s’installer à Tahiti.

Là, Edmond de Ginoux va exercer les fonctions de Procureur de Roi. C’est Bruat qui lui demande de rédiger un journal. Le 10 mai 1844, ce dernier écrit au Ministre des Colonies : « J’ai l’honneur de vous adresser 4 exemplaires d’un journal hebdomadaire que je fais publier à Taïti et dont Mr de Ginoux, récemment arrivé dans la Colonie, est le gérant et le rédacteur. Quoique cette feuille soit entièrement à ma disposition, mon intention est de faire supprimer la seconde ligne du titre [« Journal officiel de Taïti »] qui, dans certaines circonstances, pourrait nous attirer des embarras et mettre l’autorité en cause. […] Mr de Ginoux deviendra seul, vis à vis du public, éditeur-responsable. » Le journal sort de l’imprimerie lithographique du gouvernement.

Le SPAA a numérisé les dix-neuf numéros suivants : 36 (08/01/1845), 37, 38, 39, 40, 41, 42, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 58, 60 (29/06/1845). On n’a pas connaissance de l’existence d’une collection complète.

On peut y lire : des arrêtés et des proclamations (parfois traduites en tahitien) du gouverneur Bruat, des nouvelles locales, des nouvelles de France, des traductions d’articles de journaux anglais sur les affaires de Tahiti, des « billets d’humeur » du rédacteur à propos des mensonges divulgués par la presse anglaise, des avis au public, des annonces (« à vendre »), les mouvements de la rade de Papeete, des observations météorologiques.

À Paris, on n’est pas satisfait de l’initiative de Bruat. Répondant le 25 octobre 1844 à la lettre envoyée le 10 mai, le Ministre lui reproche vivement de proposer au public des informations qu’on ne connaîtra à Paris qu’après plusieurs mois (il s’agit en l’occurrence du récit des combats de Mahaena). « Mon intention est que vous supprimiez immédiatement la feuille en question […] et que vous renonciez à toute publication de cette nature.» Dans une autre lettre du 11 février 1845, il fait état des remarques peu diplomatiques de De Ginoux sur les capitaines anglais venant mouiller en rade de Papeete et reproche à Bruat de laisser la responsabilité des propos parus à leur rédacteur, alors qu’à l’évidence il a donné son consentement ; il lui renouvelle son injonction écrite dans sa dépêche du du 25 octobre. Bruat reçoit cette dernière huit mois plus tard. Le 29 juin 1845, il met fin au journal.

De Ginoux rentrera en France en septembre 1845.

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(Principale source de renseignements : Edmond de Ginoux, Ethnologue en Polynésie française dans les années 1840, par Frédéric de la Grandville, L’Harmattan, 2001.)

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