Lettre de la Reine Pomare IV à Bruat du 30 mai 1847

Cette lettre de la Reine Pomare et sa traduction ont été achetées sur un site Internet en 2013 par la Société des Études océaniennes, pour être ensuite cédée au S.P.A.A. Sa version française était parue en 1944, dans le n°71 du bulletin de la S.E.O., avec d’autres documents qu’un descendant de l’amiral Bruat avait prêtés au capitaine de corvette Jean Cottez. Il semble que ces documents aient été vendus, et c’est ainsi que cette lettre s’est retrouvée mise aux enchères par un collectionneur suisse. Elle a fait l’objet d’un court article dans le B.S.E.O. n°329 de septembre 2013.

Ce document comporte 2 feuilles manuscrites. La première est une feuille de 25,7×41,5 cm, pliée en deux. Le texte manuscrit en tahitien figure sur les pages 1 et 2 ; il n’y a rien sur les pages 3 et 4. L’ensemble porte des traces de pliures pour obtenir un format 10,5×12,8 cm.

Sur la seconde (21×27 cm) est écrite la traduction en français. En haut à droite, quelqu’un (?) a écrit : « copie de la main de l’amiral Bruat ».

Dans l’angle supérieur gauche figurent en relief les lettres A et B (en gothiques) surmontées d’une couronne

Comme pour toutes les « lettres de la Reine Pomare », il est fort probable qu’il n’y ait que la signature au bas du texte en tahitien (Pomare Arii) qui soit de la main de la Reine.

La guerre coloniale prend fin le 1er janvier 1847. La Reine est alors encore en exil volontaire à Raiatea. Elle n’est donc pas présente quand Bruat, ayant souhaité que la paix revenue soit honorable pour tous, fait organiser des festivités de réconciliation. Devant l’absence de la Reine, il envisage de procéder à l’annexion, mais il apprend par Ariitaimai (épouse d’Alexandre Salmon, amie et confidente de la souveraine) qu’elle souhaite revenir à Tahiti parce que les nouvelles reçues du pays la tourmentent beaucoup. Bruat autorise Ariitaimai à aller la chercher, avec le vapeur Phaéton. Elles arrivent à Moorea le 4 février. Bruat a compris que Pomare serait sensible aux formes extérieures de déférence, aussi, dès sa première entrevue, met-il trois fois un genou à terre pour lui rendre hommage. Le 9 février, ils traversent tous deux le chenal. Après avoir fait le tour de la rade pour q

ue tous voient qu’elle est bien à bord, le contre-amiral lui fait rendre tous les honneurs à son arrivée à Papeete : troupes en grande tenue, haie d’honneur, musique militaire, 21 coups de canon, présence des officiers, des chefs de service, des commandants des bâtiments, du Régent et des principaux chefs. Au mât du Phaéton flotte le drapeau du protectorat.

Elle reçoit l’hospitalité du gouverneur et de Madame Bruat. Elle se rend compte que Bruat est différent des portraits que les Anglais ont brossé de lui pendant son temps d’exil : c’est un homme de belle prestance et d’humeur joyeuse, qui va devenir un véritable ami, chez qui elle viendra prendre le thé en voisine …

Mais à Paris, on a considéré que les hostilités ont trop traîné en longueur, et le rappel de Bruat a été décidé depuis le 6 septembre 1846. Celui-ci va quitter Tahiti le 31 mai 1847 alors que son successeur, le capitaine de vaisseau Lavaud est arrivé le 21 du même mois.

C’est donc la veille de son départ que la Reine lui adresse cette lettre, répondant à l’invitation qui lui a été faite de dresser une liste de cadeaux qu’il lui serait agréable de recevoir de la part du gouvernement français et de son Roi Louis-Philippe. Elle demande de la vaisselle, de l’ameublement, de la décoration d’intérieur, du matériel de cuisine, des étoffes, des bijoux, une couronne d’or ; elle n’oublie pas son mari pour qui elle demande des épaulettes, et pour deux de ses fils, de jolis habits militaires.

Pomare IV avait pris l’habitude, dans les années 20 et 30, de recevoir des cadeaux à chaque passage de navires anglais ; les Français vont continuer cette tradition.

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