Le Heiva i Tahiti…. petite histoire

L’avant Tiurai.

À la suite de la christianisation des archipels par la Société missionnaire de Londres au début du XIXe siècle, deux interdits contre les « chansons, jeux ou divertissements lascifs » furent édictés par le roi Pomare II en 1819 et la reine Pomare en 1842. Interdit par les missionnaires, le ‘ori Tahiti le fut aussi par le code Pomare de 1820. Il fut imposé de ne plus danser ou chanter pour cause d’indécence et de débauches.

Le bal polynésien ou « à la polynésienne » existait déjà bien avant, durant la période de règne de la reine Pomare IV, comme le confirme ce témoignage d’un européen ayant connu le Papeete d’antan : « J’y ai fait mon devoir consciencieusement et je m’en ressens. En France, on ne danse pas tous les jours avec des reines. Pomaré IV était au bal avec sa fille, la reine de Bora Bora, et la reine de Raiatea… Elles dansent parfaitement. Elles sont un peu lourdes. Il ne faut pas s’en étonner, une d’elles pèse autant que deux hommes européens. Mais aussi, on a l’avantage de pirouetter avec un élan irrésistible. Le tout est de les mettre en mouvement… Le confortable ne laissait rien à désirer. Près du salon se trouvait servie une table couverte de gâteaux, de rafraîchissements. On y conduisait les dames après chaque danse, on les servait et après on retournait soigner la bête » (Ch. Antoine, BSEO, t. 7, p. 481-82.).

En 1847, le gouvernement français, tolère alors les démonstrations et manifestations culturelles, par la loi de 1847, et n’autorise la pratique de la danse que dans certains lieux, le mardi et jeudi uniquement.

Deux ans plus tard, en 1849, la danse ‘upa’upa est totalement interdite.

1881, le retour des festivités traditionnelles : le Tiurai.

Le 14 juillet 1881 marque le retour des festivités traditionnelles. A Tahiti, l’on assiste aux premières célébrations du Tiurai (de l’Anglais july qui veut dire juillet) qui permet alors d’associer les Polynésiens aux réjouissances. Cependant, la manifestation comprend uniquement des défilés militaires, retraites aux flambeaux et autres démonstrations officielles, dans lesquelles le himene (chant traditionnel) a une place privilégiée qui encourage une expression vivace et intense.

1881, c’est aussi l’année du premier concours de chant qui réunira pas moins de 30 groupes.

1956, le Tiurai et Madeleine MOUA.

En 1956, Madeleine Moua, alors institutrice, révolutionne l’image du Tiurai en posant les bases du ‘Ori Tahiti (danse tahitienne) avec sa troupe Heiva. Les robes missions sont abandonnées pour faire place à de beaux costumes de danse. Les chorégraphies, les techniques, la nudité du corps, tout est repensé.

La création de l’aéroport en 1961, entrainant la mondialisation et le développement du tourisme, permet alors aux troupes de danser plus régulièrement et de se produire sur des scènes internationales, tel que l’a fait Madeleine MOUA et son groupe Heiva.

1985, le Tiurai devient Heiva.

A l’occasion du IVème Festival des Arts du Pacifique Sud qui a lieu à Tahiti en 1985, le Tiurai perd son nom d’origine pour souligner l’accession du territoire à l’autonomie l’année précédente: il est rebaptisé Heiva i Tahiti.

Le 29 juin devient date officielle du lancement des festivités du Heiva avec l’instauration, par le gouvernement, du Hiva Vae’vae, le défilé des associations polynésiennes.

  • Z14 003 00788
  • Z14 002 00291
  • Z14 002 00455
  • Z14 002 00291

    Textes : Bureau de la valorisation du patrimoine – Archives PF

    Illustrations : Fonds Gutzwiller / Collection SPAA © droits réservés

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