Délibération du conseil d’amirauté de France au sujet de l’île Rapa 28 mai 1885

icone_encre_couleurs-en-coursCe texte dactylographié, sans date, reproduit des extraits d’une délibération du Conseil d’Amirauté de France en date du 28 mai 1885.

Placé sous la tutelle du Ministère de la Marine et des Colonies à Paris, ce Conseil avait pour fonction de donner un avis consultatif sur tous les sujets se rapportant à la législation maritime et coloniale, l’organisation, la direction et l’emploi des armées navales, l’administration des colonies, le service général de la marine et des colonies, les modes d’approvisionnement, les travaux et les constructions maritimes. Créé en 1824, il fut supprimé en 1889.

Il s’agit dans ce texte d’un avis donné à propos de Rapa.

Il faut rappeler quelques détails concernant cette île une vingtaine d’années auparavant.

t013-001Sur la route Sydney-Wellington-Panama, la Panama New-Zealand and Austalian Royal Mail Company mit en service quatre vapeurs : Kaikoura, Mataura, Ruahine et Rakaia.

La ligne fonctionna de 1866 à 1869.

Ce service mensuel transportait le courrier et des passagers venus d’Angleterre par l’Océan Atlantique et l’isthme de Panama (lequel était traversé en train, le canal n’existant pas encore). Le prix du passage était de 65£ pour un Wellington-Panama (27 jours), et 100£ pour un Wellington-Southampton. Concerts et théâtre étaient proposés à bord.

Cette ligne passait au sud de Rapa.

Vers 1860, quelques voix s’élevèrent en Grande-Bretagne demandant de faire de Rapa un port anglais. Mais rien ne fut entrepris en ce sens.

t013-002C’est en décembre 1866 que le Kaikoura s’y arrêta pour la première fois, et il fut décidé d’y établir une soute à charbon. (Le mouillage dans la baie était considéré comme un des « meilleurs du monde ». La consommation des navires était considérable : 28 à 36 tonnes par jour. Un terrain d’environ deux hectares fut acheté à cette fin, et des pontons furent ancrés pour permettre de charbonner.

Pendant plus de deux ans, l’île fut donc une escales régulière de ces steamers.

Mais la ligne n’était pas rentable, malgré la publicité qui parlait d’un « voyage direct, agréable et bon marché ». Elle devint impopulaire car les passagers qui devaient traverser l’isthme contractaient des fièvres. De plus, l’ouverture de la liaison ferrée de San-Francisco jusqu’à l’Atlantique entraîna son abandon.

Le gouvernement français, qui jusqu’alors ne se souciait guère de Rapa, réagit dès que l’escale fut connue. Le 28 avril 1867, un acte particulier, dressé et signé par le roi Paarima, les chefs et le lieutenant Méry, agissant au nom du commandant des Établissements français, ratifia notre intervention dans les affaires du pays. Le 12 décembre de la même année, M. Caillet, lieutenant de vaisseau, y fut nommé résident : il remplit ces fonctions jusqu’au 20 avril 1869, ce qui correspondait à l’abondon de la ligne par la Compagnie.

t013-003Mais l’intérêt des Anglais pour Rapa semble ne pas avoir été abandonné.

Dans la Délibération présentée ici, le Conseil d’Amirauté se prononçait sur la question : « Convient-il de céder en toute souveraineté l’île de Rapa à l’Angleterre contre l’engagement de sa part de donner son assentiment à la prise de possession, sous une forme quelconque, de l’archipel des Nouvelles-Hébrides ? »

Le Conseil était d’avis qu’il ne fallait pas céder Rapa aux Anglais car ils pourraient faire de cette île un entrepôt commercial important concurrençant le reste des É.F.O., ainsi qu’une base militaire bien située et menaçante pour notre colonie en temps de guerre (L’entente cordiale ne sera signée qu’en 1904). D’autre part, la question de la possession des Îles Sous-le-Vent restait en suspens. (Elle ne sera réglée qu’en 1887, avec l’abolition de la Convention de Jarnac.) Quant à l’intérêt que pourraient avoir les Nouvelles-Hébrides, la présence de colons français ne justifiait que des mesures de protection, une annexion pouvant entraîner de « graves difficultés internationales ».

L’île de Rapa n’était alors que sous la protection de la France. Elle fut annexée le 16 juin 1887.

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Sources :

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